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Le blog d'Hélène Loup
14 mai 2020

LE PETIT COCHON TÊTU - Raconté par Hélène Loup sur facebook le vendredi 24 avril 2020

LE PETIT COCHON TÊTU

Version Hélène Loup

 Il y avait, dans l'Angleterre d'autrefois, une fermière qui était allé au marché acheter un petit cochon. Son achat fait, elle avait commencé à bavarder avec celui-ci, converser avec celui-là, rire avec les uns, échanger des nouvelles avec les autres, quand elle s'aperçut qu'il était déjà tard.

    • Allez, petit cochon, dit-elle, passons droit à travers champs, sinon je serai en retard pour le thé.

Il faut savoir qu'en Angleterre, et aujourd'hui encore, si on mange bien, avec fourchette et couteau, au petit déjeuner, on ne prend qu'un petit en-cas à midi. Aussi à 17h, à l'heure du thé, on déguste cakes et gâteaux. La fermière aimait beaucoup l'heure du thé.

 

Le petit cochon trottait donc à travers champs avec la fermière. Mais voilà qu'entre deux champs, se dressait une barrière continue. La fermière regarda à droite, à gauche, devant, derrière : personne. Elle souleva jupes et jupons et sauta la barrière.

    • Allez, petit cochon, dit-elle, saute la barrière !

    • Moi ! Un petit cochon avec des pattes petites comme ça sauter une barrière haute comme ça ? Non. D'ailleurs les cochons ne sautent pas les barrières ! Et puis ici, il y a plein de glands délicieux à manger.

 

La fermière entendit alors un chien aboyer.

    • Hé, chien ! Chien aboyant ! Viens mordre le cochon

      qui ne veut pas sauter la barrière

      et moi je serai en retard pour le thé.

    • Ton cochon ne m'a rien fait, dit le chien. Donc moi je ne lui ferai rien.

 

Un loup hurlait dans le bois.

    • Hé, loup ! Loup hurlant ! Viens manger le chien

      qui ne veut pas mordre le cochon

      qui ne veut pas sauter la barrière

      et moi je serai en retard pour le thé.

    • Le chien ne se laissera pas manger sans se défendre, dit le loup, et il a de bonnes dents.

      Donc, puisque ce chien ne m'a rien fait, moi je ne lui ferai rien.

 

Un gourdin [un bâton] traînait par terre.

    • Gourdin, gros gourdin ! Viens battre le loup

      qui ne veut pas manger le chien

              qui ne veut pas mordre le cochon

              qui ne veut pas sauter la barrière

              et moi je serai en retard pour le thé.

    • Ca fait mal de battre les autres, dit le gourdin.

      Donc, puisque ce loup ne m'a rien fait, moi, je ne lui ferai rien.

 

La fermière aperçut la fumée légère d'un feu de charbonnier.

    • Feu, feu brûlant ! Viens brûler le gourdin

      qui ne veut pas battre le loup

      qui ne veut pas manger le chien

      qui ne veut pas mordre le cochon

      qui ne veut pas sauter la barrière

      et moi je serai en retard pour le thé.

      Le feu répondit :

    • Je dors !

 

Un ruisseau ruisselait tout près.

    • Ruisseau, ruisseau ruisselant ! Viens éteindre le feu

      qui ne veut pas brûler le bâton

      qui ne veut pas battre le loup

      qui ne veut pas manger le chien

      qui ne veut pas mordre le cochon

      qui ne veut pas sauter la barrière

      et moi je serai en retard pour le thé.

    • Quand j'éteins un feu, dit le ruisseau, ça fait un pchitt très désagréable à entendre.

      Donc, puisque ce feu ne m'a rien fait, moi, je ne lui ferai rien.

 

Une vache beuglait dans une étable non loin de là.

    • Vache, vache beuglante ! Viens boire le ruisseau

      qui ne veut pas éteindre le feu,

      qui ne veut pas brûler le bâton

      qui ne veut pas battre le loup

      qui ne veut pas manger le chien

      qui ne veut pas mordre le cochon

      qui ne veut pas sauter la barrière

      et moi je serai en retard pour le thé.

    • J'ai à boire où je suis, dit la vache. Et le ruisseau me rafraîchit les sabots en été.

      Donc, puisque ce ruisseau ne m'a rien fait, moi, je ne lui ferai rien.

 

La fermière courut au village, entra chez le boucher, écarta les clients et dit :

    • Boucher, boucher rouge ! Viens tuer la vache

      qui ne veut pas boire le ruisseau

      qui ne veut pas éteindre le feu,

      qui ne veut pas brûler le bâton

      qui ne veut pas battre le loup

      qui ne veut pas manger le chien

      qui ne veut pas mordre le cochon

      qui ne veut pas sauter la barrière

      et moi je serai en retard pour le thé.

    • Je la connais, cette vache, dit le boucher. Elle a de si beaux yeux que, si ce n'était pas une vache, j'en serais amoureux !

      Donc, puisque cette vache ne m'a rien fait, moi, je ne lui ferai rien.

 

La fermière sortit. Sur le banc était près de la porte, elle vit une belle corde enroulée.

    • Corde, belle corde, viens pendre le boucher

      qui ne veut pas tuer la vache

      qui ne veut pas boire le ruisseau

      qui ne veut pas éteindre le feu,

      qui ne veut pas brûler le bâton

      qui ne veut pas battre le loup

      qui ne veut pas manger le chien

      qui ne veut pas mordre le cochon

      qui ne veut pas sauter la barrière

      et moi je serai en retard pour le thé.

    • Pour pendre quelqu'un, il faut faire un noeud, dit la corde. C'est difficile ! Il faut tirer. C'est fatiguant ! Et je ne sais pas pourquoi, mais ceux à qui on fait ça n'ont pas l'air d'aimer.

      Donc, puisque ce boucher ne m'a rien fait, moi, je ne lui ferai rien.

 

Une souris passa son nez hors de la corde.

    • Souris, souricette, va ronger la corde

      qui ne veut pas pendre le boucher

      qui ne veut pas tuer la vache

      qui ne veut pas boire le ruisseau

      qui ne veut pas éteindre le feu,

      qui ne veut pas brûler le bâton

      qui ne veut pas battre le loup

      qui ne veut pas manger le chien

      qui ne veut pas mordre le cochon

      qui ne veut pas sauter la barrière

      et moi je serai en retard pour le thé.

    • La corde me sert de maison, dit la souris.

      Donc, puisque cette corde ne m'a rien fait que du bien, moi, je ne lui ferai rien.

 

La fermière aperçut un chat sous le banc.

    • Chat, chat griffu, vient croquer la souris

      qui ne veut pas ronger la corde

      qui ne veut pas pendre le boucher

      qui ne veut pas tuer la vache

      qui ne veut pas boire le ruisseau

      qui ne veut pas éteindre le feu,

      qui ne veut pas brûler le bâton

      qui ne veut pas battre le loup

      qui ne veut pas manger le chien

      qui ne veut pas mordre le cochon

      qui ne veut pas sauter la barrière

      et moi je serai en retard pour le thé.

 

Le chat miaula :

    • As-tu du lait ?

La fermière en avait acheté plein son pot à lait pour mettre dans son thé. Elle donna tout au chat. Le coquin, il prit son temps. Quand il eut tout bu, il se lêcha les babines et dit :

    • Où est-elle, cette souris ?

 

Mais plutôt que d'être croquée, la souris voulut bien ronger la corde

qui voulut bien pendre le boucher

qui voulut bien tuer la vache

qui voulut bien boire le ruisseau

qui voulut bien éteindre le feu

qui voulut bien brûler le gourdin

qui voulut bien battre le loup

qui voulut bien manger le chien

qui voulut bien mordre le cochon

qui voulut bien sauter la barrière

et la fermière a été à l'heure pour le thé.

 

Mais c'était le thé du lendemain.

  

NOTES :

    °  Conte traditionnel

  • Le "thé du lendemain" est une facétie personnelle

  • La montée de la colère de la fermière est aussi une facétie de conteuse. A chaque conteur-se de faire à sa guise.

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