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Le blog d'Hélène Loup

21 mars 2024

PERE, VOUS MENTEZ SI BIEN ! Contes, menteries et mensonges - MJC Fresnes - Mardi 26 mars 2024 - 20h30

Adresse de la MJC : 2 rue des Sports à Fresnes

Prix libre

La contée est précédée d'une scène ouverte à partir de 19h30.

Contes et poésies autour du mensonge.

Par Hélène LOUP

 

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15 février 2024

3 conteurs au café Léopard - affiche

14 février 2024

CAFE LEOPARD, Paris, 3 conteurs-ses Dmanche 25 février à 15h

Nous serons trois à conter dimanche 25 février au Léopard café, 149 boulevard Voltaire, Paris 11ème (M Charonne), de 15h à 17h :

 

Marc GALLIOT                             Christine LE GOFF                                  Hélène LOUP

 

Trois conteur-ses très différent-es, et très complémentaires !

 

Entrée 12€, boisson comprise.

 

25 janvier 2024

Compter et conter - Quelques notions et réflexions proposées à deux journalistes pour leur collaboration à Erasmus

Ou comment conter peur aider à compter, en favorisant images mentales et structuration de la pensée

 

Favoriser la fabrication d'images mentales

Qu'est-ce qu'une "image mentale" ?

L'expression "image mentale" s'emploie pour exprimer la représentation cérébrale d'un objet, d'une personne, d'un lieu, d'une situation, etc... soit mémorisés, soit imaginés. Dans les deux cas, on puise dans ses souvenirs, ou en les gardant tels que mémorisés, ou en les adaptant, les mariant, les détournant à l'infini... volontairement. Qu'on se rappelle nos dragons, monstres, aliens, fantômes et autres chimères.

L'expression "image mentale" laisse à penser que la représentation cérébrale est nécessairement visuelle et uniquement visuelle. Ce fut d'abord le cas. La vision est un sens important chez les humains. Mais rapidement, on s'est aperçu que les autres sens étaient concernés, quelquefois isolément, le plus souvent ensemble. Nous avons tous, sauf cas clinique, des souvenirs visuels, auditifs, tactiles, gustatifs, olfactifs, ainsi que des souvenirs kinesthésiques (respiration, cœur qui bat, faim, frissons, chaleur, envie d'uriner, etc). Qu'on songe aux arts du spectacle, ou au bébé qu'on berce. Plusieurs sens sont sollicités en même temps.

 

14 janvier 2024

Samedi 20 janvier 19h30 Médiathèque de Beauchamp : contée FANTASTIQUE MAUPASSANT

FANTASTIQUE mAUPASSANT

 

Trois contes fantastiques de Guy de Maupassant 

 

écoutés et commentés par deux jeunes oursons

 

 

« La main » : Qui a tué Sir John Rowel, la main d'écorché, ou l'ancien propriétaire de celle-ci ? Et qui était Sir John Rowel ?

 

« La légende du Mont Saint-Michel » : La grande lutte de l’archange Saint-Michel contre Satan vue par des Bas-

Normands, eux-mêmes vus par Guy de Maupassant.

 

« Le Loup » : lequel est le plus diabolique du loup « qui pense comme un homme » ou du chasseur qui le poursuit ?

 

FANTASTIQUE MAUPASSANT
Samedi 20 janvier, 19h30, à la médiathèque de Beauchamp, 18 avenue du Général de Gaulle 95250 Beauchamp, RER C,
Contées pour adultes par Hélène Loup.

 

 

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29 septembre 2023

Le 3 novembre à 2Hl - Le Gueulard, café culture - à Nilvanges // La BAM le 14 février 19h - Malakoff // Fresnes (date à préciser

Peut être une image de 4 personnes et texte qui dit ’CONTES ET RENCONT ES’

 

20h00 - En première partie de soirée 
Scène ouverte à toutes et tous 
Ariel THIEBAUT  et Bérengère CHARBONNIER forment depuis 2015 le duo mouveLOReille.
Conteuse et musicienne, elles jouent de leur voix et souhaitent élargir l’audience du conte auprès d’un public adulte pour partager la sagesse populaire cuisinée au goût du jour.
La musique et les chansons font partie intégrante de toutes leur créations contées pour remasteriser la bande-son des histoires traditionnelles, les customiser sans les dénaturer, booster les imaginaires et mouver les oreilles.
 
Depuis 2017, elles organisent et  co-animent à la BAM! de Malakoff en banlieue sud de Paris, un rendez-vous mensuel avec scène ouverte et spectacle d'un.e artiste conteur. euse invité.e
Dans l'écrin pour histoires au Gueulard Café, elles aiment à "déménager " dans la Vallée des Anges, pour offrir des CONTES et RENCONT'ES en terre lorraine.
Elles vous convient à venir partager ce moment ensemble,  à venir dégrader toutes les palettes des mots et des émotions.
Alors ce soir, en première partie de soirée venez faire entendre votre voix, pour une histoire, un chant, une devinette, une poésie, un slam, un billet d'humeur bonne ou mauvaise
On vous attend impatiemment pour un plaisir toujours renouvelé.
Image en ligne
21h00 - En deuxième partie de soirée 
Ternaire d'amour et au-delà 
création 2023 contée et chantée à 3 voix en musique  
sur une idée d'Hélène LOUP accompagnée du duo mouveLOReille
Ternaire d'amour et au-delà
La vie, l'amour,  la mort.
L'amour,
quand il y en a trop
ou trop peu,
tout peut finir mal.
On se rencontre.
On se sépare,
qu'on soit mal assortis
ou tellement unis.
Et quand la mort vient,
est-ce vraiment
la fin de l'amour ?
Trois contes, trois univers, trois histoires d'amour différentes.
Trois voix, trois femmes, trois artistes les portent.
Le vieux fabliau "Les trois bossus ménestrels", amuse et réjouit par sa truculence populaire, ses ruses et sa verve drue.
Le légendaire  "Conte du roi Renaud" (Contes du vieux-vieux temps – Henri POURRAT – Complainte du XVIème siècle), illumine cœur et esprit en contant l'amour pur, l'amour  absolu.
Enfin "Le mariage de la puce et du pou" entraîne tout le monde dans sa folle logique de répétitions avant de nous ramener sur terre.
Sur  son grand chemin de conteuse au répertoire riche et varié, Hélène LOUP dans son escarcelle d'artiste de la parole, a depuis longtemps mis en bouche et laissé reposer ce trio d'histoires.
Elle se montre, dans ce spectacle conté, fine connaisseuse des us et coutumes ainsi que des facéties du Moyen-Age mais aussi des affres de l'âme humaine toujours d'actualité.
Pour en faire partager toute la saveur et la profondeur et mettre en exergue la permanence des sentiments humains, elle souhaitait, être accompagnée en musique, en chants et en allégresse par le duo mouveLOReille; Ariel & Bérengère qui ont répondu présentes pour cette belle aventure créative.
Bérengère CHARBONNIER aux cordes sensibles, magnifie et souligne les mots de ses compositions originales ou de ses arrangements musicaux d'airs traditionnels à la guitare, la cigar-box, le violoncelle, la harpe-cithare et l'épinette des Vosges.
Ariel THIEBAUT au cœur battant,  rythme à son gré sur le cajón en illustration sonore ou en cadence, charme de ses variations-improvisations chantées et surprend par ses espiègleries verbales et gestuelles.
Nourrie par les histoires de sa grand-mère, Hélène LOUP conte depuis son enfance, professionnellement depuis 1975. Elle est également formatrice. 
Elle s'intéresse aux arts sous toutes ses formes et s'initie au théâtre, au chant, au piano, au dessin, à la peinture et à la danse.
Contées-spectacles récentes : "Père, vous mentez si bien"  "Le petit cheval bossu" (avec Bérengère Charbonnier) – "La mythologie nordique" (en deux parties, avec Monique Lancel) – Les récits chez Alkinoos (Odyssée, chants V à XIII, en deux parties – octosyllabes), et bien d'autres. 
Autrice, elle publie également plusieurs ouvrages sur les contes.
Publications : Le jeu de la répétition dans les contes (Edisud) – Conter pour les petits (L'Harmattan) – Conter aux adolescents- avec Chantal Ferdinand (Edisud).
Bérengère CHARBONNIER, musicienne et parolière autodidacte joue de tous les instruments à cordes qui lui tombent dans les mains depuis toujours, impulse des apéro-zics chez elle, crée par plaisir, chante, danse,  accompagne  par goût depuis 2018 plusieurs autres conteuses. Trobairitz* des temps modernes, elle se produit en solo sous le nom de Merline l'Enchanteuse depuis 2020, propose un lieu de résidence d'artistes et un rendez-vous estival de retrouvailles contées depuis 2021 ...à Merlines en Haute-Corrèze, avec son association ZIKONTE ; Une journée qui conte. 
https://zikonte.wixsite.com                                                                     *au masculin; troubadour 
                                                                                                                                                                                                                                               
Ariel THIEBAUT, plasticienne de formation, conte depuis 2006 en solo , en duo ou dans le cadre de collégiale amicale et différents collectifs. Elle s'est formée depuis 1990, en chant, en danse, en percussion, en écriture, en théâtre gestuel, en improvisation et en arts du récit, a suivi un cursus universitaire sur le conte avec Bernadette BRICOUT. Elle crée l'association mouveLOReille en 2014, intervient à l'E.N.S  en 2015, programme les artistes de la parole des CONTES et RENCONT'ES à la BAM! de Malakoff, écrit dans plusieurs revues et récemment chronique dans l'émission de radio "Les contes c'est du sérieux".
Mise en place et accompagnement artistique : Patrick FISCHMANN conteur, poète, écrivain et collecteur (Collection "Les sages ..." - Seuil),  musicien compositeur et interprète. 
Participation régulière au Festival du Légendaire (Eure-et-Loir)
12 avril 2023

Contée : "Père, vous mentez si bien!" le 24 mars à 20h au Soleil de la Butte, Paris 18°-

Quand le mensonge est une vertu !

Pourquoi une girafe ? Venez écouter et vous saurez ! 

 

30 septembre 2022

Mort d'un grand conteur, Alain Gaussel

Alain Gaussel s'est éteint mardi dernier.

Il sera incinéré mercredi 5 octobre au créatorimum de Joncherolles, commune de Saint-Denis.

Je vous communiquerait l'horaire dès que je l'aurai.

Il fut un grand conteur, et un homme au grand coeur, un ami fidèle.

Qu'il repose en paix.

5 août 2022

Liste de la quaeantaine de contes enregistrés sur Facebook durant le confinement, du 3 avril au 29 août 2020

Contes enregistrés sur Facebook pendant le confinement

 

vendredi 3 avril 2020 : La mouche qui volait sans regarder où elle allait -

 

lundi 6 avril " : Crâne-crânillon -

 

Mercredi 8 avril " : Châtaigne et Chocolat -

 

Vendredi 10 avril " : Moitié-de-Poulet

 

Lundi 13 avril " : Petite Fille et le loup -

 

Mercredi 15 avril " : Les trois ours -

 

Vendredi 17 avril " : Le ciel m'est tombé sur la tête

 

Lundi 20 avril " : Les trois petits cochons – petits : sans navets, pommes et baratte -

 

Mercredi 22 avril " : Les trois petits cochons – partie des grands : navets, pommes et baratte -

 

Vendredi 24 avril " : Le petit cochon têtu -

 

Lundi 27 avril " : Les trois boucs brousses -

 

Mercredi 29 avril " : Le petit chat têtu -

 

Vendredi 1er mai " : Monsieur Hansaëmon et la mouche -

 

Lundi 4 mai " : Macha et l'ours -

 

Mercredi 6 mai " : Volétrouvé -

 

Vendredi 8 mai " : La chasse au lièvre -

 

Lundi 11 mai " : Facebook ne marchait pas

 

Mercredi 13 mai " : Diabou N'Dao -

 

Vendredi 15 mai " : Djabou N'Daw -

 

Lundi 18 mai " : Le mariage de la puce et du pou -

 

Mercredi 20 mai " : La sorcière au nez de fer -

 

Vendredi 22 mai " : Le tael d'argent -

 

Lundi 25 mai " : Princesse Elisa -

 

Mercredi 27 mai " : Rentrée trop tard pour enregistrer

 

Vendredi 29 mai " : Le vieux, la vieille, le pois et le haricot -

 

lundi 1 juin " : La petite fourmi qui allait à Jérusalem

 

mercredi 3 juin " : Marfa et l'ours

 

vendredi 5 juin " : Les deux poulets de grand-mère

 

Lundi 8 juin " : Rentrée trop tard – Pb métro

 

Mercredi 10 juin " : Le dragon marron

 

Vendredi 12 juin " : L'Isba

 

Lundi 15 juin " : Le prince-monstre

 

Mercredi 17 juin " : Le loriot

 

Vendredi 19 juin " : L'enfant enlevé par une étoile

 

Lundi 22 juin " : Le chat et le perroquet

 

Mercredi 24 juin " : La chèvre, sept chevreaux, le renard et le loup

 

Vendredi 26 juin " : Nanoune

 

Lundi 29 juin " : Le prince-crapaud

 

Mercredi 1 juillet " : La calebasse brisée

 

Vendredi 3 juillet " : Le pinceau magique

 

Dimanche 12 juillet " : Unoeil, Deuxyeux, Troisyeux

 

Dimanche 19 juillet " : Les trois cheveux d'or du diable

 

Dimanche 26 juillet " : La Yamamba

 

Dimanche 2 août " : La renarde et sa queue – 1ère partie

 

Dimanche 9 août " : La renarde et sa queue – 1ère partie

 

Samedi 15 août " : La fille au tambourin magique

 

Dimanche 23 août " :

 

Samedi 29 août " :

 

la girafe

Contes facétieux

Marguerite et Marie

Le loup, le renard et la belette

Le coeur mangé (enregistré, date à vérifier)

L'oiseau d'ourdi

 

Les textes ont été mis sur mon blog à peu près à la même date, avec toutes les références.

5 août 2022

Mémé ! Racoonte-moi une histoire !

MEME ! BONNE-MAMAN ! MAMY !

RACONTE-MOI UNE HISTOIRE !

 

Hélène Loup – conteuse professionnelle – http://heleneloup.canalblog.com

 

Les liens entre petits-enfants et grands-parents de sang, adoptifs ou même choisis, peuvent être forts et précieux. Le conte est un excellent « médiateur », pour utiliser un terme à la mode.

Je n’en veux pour preuve que l’expérience qui fut la mienne. C’est pourquoi je vous la conte, pas pour le plaisir, enfin pas seulement, mais parce que je ne me sens aucun droit de donner des conseils. Et que je sais, par expérience, la force d’une histoire.

 

A peine ma grand-mère arrivée pour la visite hebdomadaire du dimanche :

  • Mémé, raconte-moi une histoire !

  • Quand j’aurai déjeuné, ma petite Mimi.

Les traditionnels gâteaux du dimanche dégustés :

  • Mémé, raconte-moi une histoire !

  • Après le café, ma petite Mimi !

Le café siroté par les adultes :

  • Mémé, raconte-moi une histoire !

  • Mais oui, ma petite Mimi !

Nous nous installions rituellement sur une « banquette », un petit canapé sans dossier, ma grand-mère au milieu, mon amie Odile d’un côté, moi de l’autre, ma mère sur une chaise en face, appuyée un peu de biais contre la grande table de la sombre salle à manger, les deux chattes fermant le cercle sur le tapis de cordes. Elles nous tournaient le dos, mais leurs oreilles mobiles révélaient l’écoute attentive de nos deux petits sphinx. Et c’était parti pour une heure et demi à deux heures d’histoires. Ou plutôt, de l’histoire, car ma grand-mère nous racontait en épisodes les grands romans qu’elle avait dévoré dans sa jeunesse, quand ses yeux y voyaient encore : « Sans famille » et « En famille » d’Hector Malot, ou encore du Zénaïde Fleuriot. Pendant la semaine, elle se remémorait ce qu’elle voulait conter le dimanche, et, quand sa mémoire faisait défaut, elle inventait. Ce qui faisait que l’histoire de Rémy, ma préférée, que j’ai dû entendre une bonne dizaine de fois, était toujours un peu nouvelle, sur une trame connue.

Le lien qui se créa autour « des histoires », comme nous disions alors, fut si fort que, quelques soixante ans après, je m’en souviens comme si c’était hier. Et il me permit d’accepter qu’il n’y en ait pas d’autres. Non, il n’y eut ni maltraitance d’aucunes sortes, ni désavantage. Ma grand-mère avait trop le sens de la famille et des convenances pour ne pas m’aimer. Mais ce n’était que du bout du cœur. Seulement elle adorait conter et moi j’adorais écouter. Et grâce à cette passion commune, j’ai eu une grand-mère, une vraie grand-mère dont on garde le souvenir chaud et lumineux toute sa vie durant.

Pourtant, tout aurait pu basculer. Quelques années après ma naissance, ma place de dernière des dix petits-enfants, me fut ravie par une jeune cousine, le onzième petit-enfant. Ma grand-mère, qui habitait avec son fils, sa belle-fille et leurs quatre enfants, s’en enticha tout de suite. Ce qui ne me troubla pas. Je demeurais des années encore son auditrice préférée, en fait la seule à encore (ou déjà) être en âge de réclamer des histoires. Nanoune grandit. Mémé commença à lui conter à elle aussi des histoires, des histoires de petits. Cela ne me troublait toujours pas, puisque j’avais celles que j’aimais, celles pour plus grande ! D’ailleurs ma grand-mère avait raconté, je le savais par mes aînés, à tous ses petits-enfants. Puis, un dimanche, Mémé me déclara :

  • Tu es trop grande pour que je te raconte encore des histoires. Tu sais lire, maintenant.

Et puis je raconte à Nanoune.

Et là, je fus troublée ! Frustrée serait le mot juste. Lire n’est pas écouter. Et je ne me sentais nullement « trop grande ». Un lien se rompait.

Pas tout à fait. Mémé me montra comment trouver, sur le piano, les notes de la gamme. Elle n’était pas très musicienne. Et les appareils d’audition (une mastoïdite l’avait rendue sourde quand elle était jeune) était encore moins perfectionnés que les nôtres. Mais apprendre le piano avait fait partie de sa formation de « jeune fille de bonne famille ». Ce qui finit par décider ma mère, malgré une situation financière difficile, à entendre mes réclamations depuis des années et à me faire donner des leçons de piano, enfin.

En outre, par chance pour moi, Nanoune faisait partie de ces enfants qui ont le génie de la découverte et des idées saugrenues. Aussi désormais, chaque dimanche, ma grand-mère était accueillie par ces mots de ma mère, de moi, de tous ceux qui étaient présents ce jour-là :

  • Mémé, qu’est-ce qu’elle a encore fait, Nanoune ?

Et Mémé, épanouie, racontait la dernière trouvaille de Nanoune avec délectation. Moi, j’écoutais avec avidité. J’avais mon histoire dominicale. Cela dura quelques années.

En outre, si ma mère ne contait pas, elle évoquait volontiers ses souvenirs de lectures, comme « Les Martyrs » de Chateaubriand » et surtout « Les histoires comme ça » de Kipling, dont elle m’a passé le goût. J’en dis quatre aujourd’hui. Elle racontait aussi avec plaisir et talent ce que les conteurs nomment « récits de vie », les anecdotes qui constituent le roman familial. J’en garde encore les mots exacts. Mon père ne contait pas non plus, mais il inventa un magnifique mensonge, décrivant comment il avait enlevé la girafe du zoo de Vincennes pour sa petite dernière de quatre-cinq ans, moi, à qui il l’avait imprudemment promise. Il mourut peu après. J’avais 13 ans quand je compris quel cadeau il m’avait fait. Nul dans ma famille ne chercha à me détromper, ou je ne m’en rendis pas compte. Cette histoire, je la conte désormais, avec celles de Nanoune.

Mais Nanoune grandit encore. Elle s’assagit, hélas ! Et ma mère n’allait pas très bien.

Seulement j’étais déjà assez grande désormais pour rêver sur mes livres, ceux que nous avions à l’époque : les « Contes et légendes » de Fernand Nathan, et un énorme volume rouge, doré sur tranche, tout en papier bible fin et gravures précieuses protégées par une feuille de papier translucide vierge ultra fine, de la traduction intégrale et quelque peu expurgée des « Mille et une nuits » par Antoine Galland. Je lisais partout, même dans la rue en marchant, un œil sur le livre, un sur le chemin à suivre, ou encore derrière un fauteuil de la salle à manger, dans le coin le plus sombre, parce que le gros livre rouge doré sur tranche était rangé là et que je ne pouvais différer d’une seconde le plaisir de lire et rêver. Une amie me racontait qu’elle lisait sur l’échelle qui permettait d’accéder aux plus hauts rayonnages de la bibliothèque familiale où se trouvait l’ouvrage convoité pour les mêmes raisons.

Et puis j’avais depuis longtemps, pris l’habitude de raconter à mes copines, amies et connaissances, d’abord les récits de ma grand-mère, plus tard ceux que je lisais ou inventais. Il y avait aussi toutes les histoires que j’imaginais avec l’aide de poupées en papier (j’en avais une bonne douzaine) et de cartes à jouer dépareillées pour tracer, sur la grande table de la salle à manger (douze couverts au moins), les plans des lieux où mes figurines évoluaient ; et, un peu plus tard, celles dans lesquelles j’entraînais des bandes d’enfants fascinés par ces mondes de rêves. Sans parler d’écrits que je croyais secrets. Mais ma mère, fière comme une maman, les montra à mon insu, croyait-elle, à d’autres adultes et je les détruisis. Je mis des années avant de recommencer à écrire. Mais je continuais à « rêver », à m’inventer des histoires. Lors de la redoutable période de l’adolescence, je me mis à transformer en contes symboliques mes difficultés à vivre et affronter les épreuves. Cela m’aida beaucoup, et continue de m’aider.

Cependant je ne contais plus. J’avais renfermé cela à double tour en moi. Or, en 1975, lors de la création d’un biblioclub (bibliothèque associative) jeunesse, l’une de mes sœurs aînées, qui m’avait entendue à mon insu conter à mes camarades, me fit engager pour organiser un atelier théâtre (sept ans de formation) et « l’heure du conte ». Mémé devait bien rire, dans sa tombe.

Car maintenant, c’est moi qui racontait. Je racontais plusieurs fois par semaine dans le biblioclub, puis assez vite en professionnelle. Ma deuxième fille me suivait partout. Elle a entendu beaucoup de contes. Elle m’en réclamait même, parfois, et elle avait ses préférences. Quand nous étions en voiture, ma mère, qui nous accompagnait souvent, me disait :

  • Et si tu racontais une histoire à ta fille, pour l’occuper.

Et je racontais. Mais je ne saurais dire qui prenait le plus de plaisir à écouter, de la fille ou de sa grand-mère !

Ce qui est certain, c’est que, sans que je m’en rende compte, ce bain de langage fut particulièrement bénéfique à ma fille. Elle souffrait de problèmes cognitifs, notamment au niveau du langage. A cette époque, il n’existait pas de rééducation pour ce genre de troubles d’origine neurologique, disaient les médecins concernés. La cure de contes en tint lieu avec un certain succès.

Ce fut à peu près à ce moment-là, en 1981, qu’eut lieu la grande contée des retraités de L’Age d’Or au musée d’art moderne tout récemment créé de Beaubourg. L’année précédente, les chefs de files des « nouveaux conteurs » avaient accepté d’y raconter. Mais ils refusèrent de le faire une deuxième fois de façon bénévole. Le musée se tourna vers les bibliothécaires qui, manquant de temps, se tournèrent vers la nouvelle association de jeunes retraités (certains n’avaient que 55 ans) d’office qui se mirent au travail avec enthousiasme. Et leur talent, leur présence, leur solidité dans des conditions difficiles de va-et-vient, leur joie de vivre, emportèrent un franc succès. Tous les conteurs furent frappés par la relation qui s’établissait naturellement entre les retraités et le public, enfants comme adultes. Depuis, l’atelier du conte de l’Age d’Or continue. C’est le seul atelier inter-âge de cette association. Et les enfants qui y ont goûté en garde généralement un souvenir charmé. Certes, il arrive, quelquefois, que le « métier » soit un peu moins présent que chez les conteurs professionnels. Mais l’alchimie se fait.

Comme conteuse, on me demanda souvent d’amener des enfants à inventer, écrire ou raconter lors d’ateliers scolaires. Je ne peux oublier notre joie, avec l’enseignante, quand un enfant se mettait à conter, notre jubilation devant les trouvailles, les preuves d’un talent naissant. Certaines histoires nous ont bouleversées. Et je me rappelle encore avec émotion ce jeune garçon venu de Côte d’Ivoire, trop grand, en échec partiel, affligé d’un bégaiement gênant et d’un très fort accent, qui racontait si bien que le silence se faisait autour de lui et que, dans la cour de récréation, les enfants avaient pris l’habitude de venir l’écouter conter. Il avait « entendu », chez lui. Et cela se ressentait. J’ai repris un conte d’Alain, que je dis toujours, en citant ma source, « La belle-mère ogresse ».

Et lors des « journées du conte de la bibliothèque de Beaugrenelle » (Paris 15°) où, depuis plus de vingt ans, ont lieu, fin novembre, des partages de contes, professionnels et amateurs confondus, conteurs confirmés et débutants mêlés, nous avons souvent vus, avec une émotion partagée par tous les assistants, des enfants se lancer à conter, parfois avec déjà une véritable compétence.

Le mélange des âges, dans un public, représente d’ailleurs, pour un conteur, au-delà de la frustration de ne pouvoir dire certains récits lassant pour les petits, au-delà de la gêne que peut représenter une certaine agitation des plus jeunes, le subtil et jubilatoire plaisir de raconter « à plusieurs niveaux ». Quand les enfants se réjouissent, les parents et encore plus les grands-parents s’amusent à déguster leur joie, leurs découvertes de petits. Et quand le conteur adresse une remarque facétieuse aux plus grands, les plus jeunes entendent, sans comprendre ces sous-entendus entre adultes, mais les écoutent, les reçoivent. Certains s’en souviendront peut-être, plus tard. J’ajoute que les regards malicieux et initiés de personnes qu’aujourd’hui on qualifie à de Papy et Mamy (Papy et Mamie, pour moi, comme pour mes petites-filles, sont les diminutifs affectueux de Papa et Maman) m’ont souvent été de précieux et merveilleux soutiens lors de contées.

Aujourd’hui, quand j’entends mes petits-enfants me dire avec une avidité que je reconnais bien :

  • Bonne-maman, raconte-moi une histoire !

je souris. Merci, Mémé.

Et quand l’aînée de mes petites-filles me demande, sur les conseils de sa maman, notre fille, très consciente de l’importance des liens entre petits-enfants et grands-parents, de l’aider pour l’orthographe ou la compréhension de l’Odyssée, l’ombre de ma grand-mère plane doucement autour de nous. Et, tout comme j’ai appris de ma grand-mère les notes sur le piano, ma petite-fille tête dure apprend les règles de conjugaison quand elle y était restée systématiquement rétive.

Aussi, quand ma mère commença à perdre la tête et de retrouva dans un de ces établissements pas très réjouissants, j’ai emmené avec moi mon petit-fils âgé alors de deux ans. L’enfant n’était nullement affecté par les situations de handicaps graves qu’il voyait. Et les regards les plus vides se sont soudain éclairés. Et lorsque je revenais, je voyais que l’on regardait derrière moi si le petit suivait. Pas de conte, cette fois. Mais cette anecdote en est un à elle toute seule.

 

Comme le disaient les conteurs irlandais :

Prends et que celui qui reçoit ce conte l’enrichisse.

Ecrit le 23 07 2011 - 

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