CHÂTAIGNE ET CHOCOLAT - conté : facebook mercredi 8 avril 20 - publié : "Conté pour les petits" - adapté : conte traditionnel
CHÂTAIGNE ET CHOCOLAT
Il était une fois deux oursons, deux frères, deux bébés ours.
Comme tous ceux de leur famille ours, ils étaient d’un beau brun roux.
Mais l’un était brun roux clair, de la couleur de la châtaigne mûre. On l’appelait Châtaigne. L’autre était brun rouge foncé, de la couleur du chocolat chaud. On le nommait Chocolat.
Un jour, leur Maman ours leur donna un gâteau pour goûter.
Un seul gâteau, mais un gâteau énorme !
-
Il y en a bien assez pour vous deux, leur dit-elle
Partagez-le comme je vous l’ai appris : une moitié pour Châtaigne, une moitié pour Chocolat.
Mangez chacun votre part. Et ne vous disputez pas !
Chocolat s’empara du gâteau et fila dans le jardin. Il courut jusqu’au mur du fond.
Châtaigne le suivait.
-
C’est toi qui a porté le goûter, dit-il à son frère.
C’est moi qui le partage, moi qui le coupe en deux.
Et il attrapa le gâteau. Mais Chocolat ne le lâchait pas.
-
Je l’ai porté, je le partage, je le coupe en deux !
-
Non ! C’est moi !
-
Moi !
-
Moi !
Châtaigne tirait ! Chocolat tirait !
Le gâteau se coupa en deux. Mais les parts n’étaient pas égales.
Chocolat avait un gros morceau. Il éclata de rire.
Châtaigne avait un petit morceau. Il se mit à pleurer.
-
Ouin ! Tu en a plus et moi moins ! Ce n’est pas juste ! Ouin !
Papa ours, qui travaillait dans le jardin, les entendit. Il s’approcha.
-
En effet, dit-il, ce n’est pas juste. Vous devez en avoir autant l’un que l’autre.
Je vais arranger ça.
Mais Papa avait les pattes pleines de terre. Alors il utilisa le couteau de ses dents.
Il mordit dans le morceau plus gros de Chocolat.
-
Voilà ! Comme ça, vous en avez autant l’un que l’autre.
Seulement, les bouches de Papa, c’est très grand ! Chocolat se mit à pleurer.
-
Ouin ! Tu en as trop mangé ! Maintenant j’en ai moins que mon frère ! Ouin !
Châtaigne riait :
-
Et moi j’en ai plus !
-
C’est vrai, dit Papa. Je vais arranger ça.
Et il mordit dans le morceau de Châtaigne.
Mais la bouche de Papa était toujours très grande.
A présent, c’était Châtaigne qui pleurait :
-
J’en ai moins !
Et Chocolat qui riait :
-
J’en ai plus !
Papa remordit dans le morceau de Chocolat. Seulement sa bouche était vraiment très grande.
-
Je n’ai plus rien du tout ! sanglota Chocolat.
-
C’est vrai, dit Papa.
Et il croqua le bout qui restait à Châtaigne.
-
Voilà, dit-il. Comme ça, vous en avez autant l’un que l’autre.
Et il s’en alla sans plus s’occuper des deux oursons qui pleuraient sur leurs pattes vides.
Alors les deux frères séchèrent leurs larmes et coururent jusqu’à la maison. Maman n’était pas dans la cuisine. Mais sur la table, il y avait un gros morceau de pain. Ils le prirent, le partagèrent et le mangèrent.
Et à partir de ce jour-là, ils partagèrent toujours tout, exactement, sans bruit, sans dispute et, surtout, sans rien demander à personne, et surtout pas à papa !
NOTE : J'ai laissé le texte tel qu'il était dans le livre, sauf un mot : "mains" sales (de papa), remplacé par "pattes"
Mais surtout, en relisant, je m'aperçois que, quand je conte :
-j'en fait beaucoup plus dans les pleurs et les moqueries
-je dis pourquoi (sic !) les ours sont dans une maison et font de la cuisine ; de raconte qu'on ne faisait le pain
qu'une fois par semaine, avec galettes, gâteaux, etc
-les oursons ne se partagent pas un "gros morceau de pain" mais "une épogne", cette gourmandise faite avec un
bout de la pâte de chaque pain, gâteau, galette etc, l'origine de ce mot ancien et, dans ce conte, sa destination