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Le blog d'Hélène Loup
9 mai 2020

MACHA ET L'OURS - Conte enregistré en direct sur facebook le 4 mai 2020

MACHA ET L‘OURS

 Adaptation du conte russe par Hélène Loup

    On raconte, en Russie, qu’il y avait une petite fille qui s’appelait Macha. Elle vivait avec son grand-père et sa grand-mère dans une maison russe d’un village russe de la grande forêt russe.

    Son papa et sa maman ? L’histoire n’en parle pas, ne dit pas où ils étaient ni ce qu’ils faisaient. Alors je n’en sais rien.

 

    Mais je sais qu’un jour, sur la fin de l’été, les enfants du village lui dirent :

  • Macha, vient avec nous ramasser

        des pommes et puis des noix,

        des champignons et des marrons.

  • Grand-Père, dit Macha, laisse-moi les accompagner.

    Grand-Mère, laisse-moi aller dans la forêt.

  • Je veux bien, répondit Grand-Père. Mais ne t’éloigne pas de tes amis. Tu es si petite.

  • Et la forêt est si grande, ajouta Grand-Mère. Tu te perdrais.

    Macha promit et partit avec ses amis.

    Ils commencèrent à ramasser

des pommes et puis des noix,

des champignons et des marrons.

 

    Mais tout en ramassant, il faut savoir regarder où vont les autres. Macha ne savait pas. Elle ne regarda pas. Elle perdit les autres de vue. Puis elle se perdit. Elle marcha longtemps, longtemps. Elle était de plus en plus perdue.

    Elle arriva devant une petite maisonnette. Elle frappa à la porte. Pas de réponse. Elle poussa la porte qui s’ouvrit. Macha entra. Personne. Elle s’assit sur un banc près de la fenêtre et attendit.

    Au soir, le propriétaire de la maison rentra. C’était un ours énorme. Il se frotta les pattes de plaisir en la voyant et dit :

  • Tu resteras ici et tu seras ma servante. Tu nettoieras ma maison, tu entretiendras mon feu

         et tu feras mon repas.

         Si tu travailles mal je t’égorge, je te coupe le cou. Si tu t’enfuis, je te croque.

 

     Macha ne voulait pas mourir. Elle obéit. Mais tout en nettoyant, allumant, cuisant, travaillant, elle réfléchissait.

    Un jour, elle eut une idée. D’abord, elle monta au grenier et fabriqua une poupée de paille qui lui ressemblait, grande comme elle, habillée comme elle. Elle la posa près de la fenêtre.

    Puis elle redescendit et fit des petits gâteaux au miel. Elle en fit beaucoup, de quoi remplir le grand panier avec couvercle. Elle les posa sur la table près du bord, et le panier contre la table, juste en-dessous.

    Quand l’ours rentra, elle dit :

  • C’est l’anniversaire de mon grand-père, la fête de ma grand-mère. Ours, s’il te plaît, laisse-moi aller au village leur

        apporter ces gâteaux que j’ai préparé pour eux comme tous les ans.

  • Non, dit l’ours. Tu n’iras pas. Tu te perdrais. Tu ne reviendrais pas.

  • Alors porte-leur mon cadeau toi-même. Toi, tu ne te perdras pas. Et pendant ce temps, je te ferai autant de gâteaux que j’en ai fait pour mon grand-père et ma grand-mère.

  • Je veux bien, dit l’ours alléché.

    Les gâteaux sentaient si bon !

  • Pendant que je prépare le panier, va voir dehors s’il ne pleut pas. Regarde bien.

     L’ours sortit.

   Macha grimpa quatre à quatre, très vite, les escaliers, poussa la poupée de paille devant la fenêtre du grenier, redescendit huit à huit, très, très, très vite, se glissa dans le panier, fit tomber tous les gâteaux sur elle et referma le couvercle.

    L’ours rentra.

  • Il ne pleut pas du tout, dit-il. Mais où es-tu ?

    Macha répondit d’une petite voix lointaine, qui semblait venir de loin :

  • Le panier est prêt. Va. Je suis à la fenêtre du grenier. Je te regarde.

 

    L’ours mit le panier en équilibre sur sa tête et sortit. Il vit la poupée de paille à la fenêtre du grenier. Il pensa :

  • Macha est bien à la fenêtre du grenier qui me regarde.

    Il lui fit un petit geste de la patte et il se mit en route.

    Mais le chemin était long. Le panier était lourd. L’ours fatiguait. Et les gâteaux sentaient si bon. L’ours s’assit sur une pierre, posa le panier par terre. Il allait l’ouvrir quand il entendit Macha qui lui disait de sa petite voix lointaine, qui semblait venir de loin :

  • Je te vois, gros ours, je te vois.

         Sur cette pierre ne t’assieds pas.

         Mon panier ne dépose pas.

         De mes gâteaux ne mange pas.

         Mais porte-les à mon grand-père

         et porte-les à ma grand-mère,

         ou au retour n’en auras pas.

  • Elle a de bons yeux, ma servante, dit l’ours.

    Il lâcha le couvercle, reposa le panier sur sa tête et se remit en marche.

 

    Mais le chemin était rude. Le panier était pesant, et l’ours très las. Puis les gâteaux sentaient si bon. L’ours s’assit sur un tronc d’arbre, posa le panier par terre. Il allait l’ouvrir quand il entendit Macha qui lui disait de sa petite voix lointaine, qui semblait venir de loin :

  • Je te vois, gros ours, je te vois.

         Sur ce tronc d’arbre ne t’assieds pas.

         Mon panier ne dépose pas.

         De mes gâteaux ne mange pas.

         Mais porte-les à mon grand-père

         et porte-les à ma grand-mère,

         ou au retour n’en auras pas.

  • Elle a de très bons yeux, ma servante, dit l’ours.

    Il lâcha le couvercle, reposa le panier sur sa tête et se remit en route.

 

    Et chaque fois que l’ours voulait se reposer, le chemin était si dur, le panier si pénible à porter, l’ours tellement épuisé, chaque fois qu’il voulait goûter aux gâteaux qui sentaient si bon, il entendait la petite voix lointaine, qui semblait venir de loin de Macha qui disait :

  • Je te vois, gros ours, je te vois.

         A cet endroit ne t’assieds pas.

         Mon panier ne dépose pas.

         De mes gâteaux ne mange pas.

         Mais porte-les à mon grand-père

         et porte-les à ma grand-mère,

         ou au retour n’en auras pas.

  • Elle a vraiment de trop bons yeux, ma servante, disait l’ours.

    Et il lâchait le couvercle, reposait le panier sur sa tête et repartait.

 

    Il arriva enfin devant la maison de grand-père et de grand-mère. Elle était exactement comme Macha la lui avait décrite. Il frappa à la porte de toutes ses forces. Mais il n’eut pas le temps d’attendre qu’elle s’ouvre. Les chiens avaient senti son odeur d’ours. Il en arrivait de partout. Ils étaient gros, ils étaient nombreux, ils couraient vite. L’ours n’eut que le temps de poser le panier et de s’enfuir à toutes pattes pour sauver sa fourrure et sa vie.

 

    Grand-père et grand-mère ouvrirent la porte. Ils virent le panier. Ils soulevèrent le couvercle, aperçurent les gâteaux. Ils en prirent un chacun et le goûtèrent. Et ils se mirent à pleurer.

  • Macha les faisait exactement comme ça, disaient-ils. Où est-elle, maintenant ?

    Macha bondit hors du panier.

  • Je suis là, Grand-Père.

        Je suis là, Grand-Mère.

    Ils tombèrent dans les bras les uns des autres. Puis ils rentrèrent le panier dans leur maison et mangèrent tous les gâteaux au miel. Ils étaient heureux. Et s’ils ne sont pas morts, ils le sont encore.

"Conter pour les petits" P. 145 - Première édition 2002 Edisud - Réédition 2013 L'Harmattan

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