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Le blog d'Hélène Loup
11 juillet 2020

Moitié-de-Poulet - raconté sur Facebook juin 2020. Adapté à partir de plusieurs versions - publié dans : Le jeu de la répétition

MOITIE DE POULET

 

Il était une fois deux commères, deux voisines, qui avaient trouvé un œuf. Elles se le partagèrent.

La première prit sa moitié, la fit cuire et la mangea.

La deuxième prit sa moitié et elle la mit à couver. Il en sortit une Moitié de Poulet.

Moitié de Poulet grimpa sur le tas de fumier et il gratta, gratta, gratta... Il gratta si bien qu’il trouva une bourse de cent écus d’or.

Le roi passait par là.

- Moitié de poulet, prête-moi tes cent écus. Dans un mois, je te les rendrai.

- Roi, je veux bien, si tu me paies les intérêts.

- Moitié de poulet, tu auras tes intérêts.

Le roi prit la bourse et partit. Un mois passa. Le roi ne revint pas. Deux mois passèrent. Le roi ne revint pas.

Trois mois passèrent. Le roi ne revenait toujours pas.

Moitié de poulet fit une lettre, une autre, puis une autre encore, au roi, à ses ministres. Personne ne répondit.

Alors Moitié de Poulet se mit en route pour aller réclamer son dû au roi.

En chemin, il rencontra un renard.

- Moitié de Poulet! Moitié de Poulet! Où t’en vas-tu si décidé?

- Je vais chez le roi. Cent écus me doit.

- Moitié de Poulet, emmène-moi!

- Renard, suis-moi.

Le Renard le suivit. Mais quand ils furent loin, très loin, Renard n’en pouvait plus.

- Moitié de Poulet, marche moins vite! Je ne peux plus te suivre! Je suis trop fatigué!

- Eh bien, Renard, saute dans mon petit cul, et je te porterai sous ma plumette.

Renard entra sous la plumette; Moitié de Poulet repartit.

A quelque distance, il trouva un loup gris.

- Moitié de Poulet! Moitié de poulet! Où t’en vas-tu si décidé?

- Je vais chez le roi. Cent écus me doit.

- Moitié de Poulet, emmène-moi!

- Loup Gris, suis-moi.

Le Loup Gris le suivit. Mais quand ils furent loin, très loin, Loup Gris n’en pouvait plus.

- Moitié de Poulet, marche moins vite! Je ne peux plus te suivre! Je suis trop fatigué!

- Eh bien, Loup, saute dans mon petit cul, et je te porterai sous ma plumette avec Renard.

Loup Gris entra sous la plumette; Moitié de poulet repartit.

Il arriva à la rivière.

- Moitié de Poulet! Moitié de Poulet! Où t’en vas-tu si décidé?

- Je vais chez le roi. Cent écus me doit.

- Moitié de Poulet, emmène-moi!

- Rivière, suis-moi.

La Rivière le suivit. Mais quand ils furent loin, très loin, Rivière n’en pouvait plus.

- Moitié de Poulet, marche moins vite! Je ne peux plus te suivre! Je suis trop fatigué!

- Eh bien, Rivière, fais-toi toute petite, saute dans mon petit cul, et je te porterai sous ma plumette avec Renard et Loup Gris.

- Rivière entra sous la plumette. Moitié de Poulet repartit.

- Il passa près d’un chêne. Il y avait là un gros essaim de frelons rouges.

- Moitié de Poulet! Moitié de Poulet! Où t’en vas-tu si décidé?

- Je vais chez le roi. Cent écus me doit.

- Moitié de Poulet, emmène-nous!

- Frelons, suivez-moi. 

Les Frelons le suivirent. Mais quand ils furent loin, très loin, Frelons n’en pouvaient plus.

- Moitié de Poulet, marche moins vite! Nous ne pouvons plus te suivre! Nous sommes trop fatigués!

- Frelons, je n’ai plus de place, dans mon petit cul, pour vous porter sous ma plumette.

- Moitié de Poulet, nous sommes si menus ! Nous nous ferons encore plus minces. Tu ne nous sentiras pas.

- Eh bien, Frelons, sautez dans mon petit cul, et je vous porterai sous ma plumette avec Renard, Loup Gris et Rivière.

Renard, Loup Gris et Rivière se serrèrent de leur mieux. Frelons entrèrent sous la plumette; Moitié de Poulet repartit.

A cheminer ainsi, ils arrivèrent chez le roi. 

Moitié de Poulet se campa devant la grand-porte et se mit à chanter dressé sur ses ergots :

        Cocorico! Coqueliku!

        Roi ventru! Roi pansu!

        Rends-moi mes cent écus!

        Rends-moi mes cent écus!

        Le roi était à banqueter avec ses courtisans. Il sourit d’un air méprisant.

- Serviteurs, dit-il, prenez ce Moitié de Poulet. Jetez-le dans le poulailler; que les grosses poules le picorent.

Les serviteurs se saisirent de Moitié de Poulet, le jetèrent dans le poulailler. Alors les grosses poules se mirent à le piquer, le picoter, le picorer. Elles l’auraient déchiqueté. Mais Moitié de Poulet s’écria :

- Renard! Renard!

  Sors vite de mon petit cul

  ou suis Moitié de Poulet perdu!

Renard sortit et il saigna les poules. Au matin, quand on ouvrit la porte, elles gisaient toutes mortes.

Moitié de Poulet vint se percher sur le mur et il chanta à pleine voix :

        Cocorico! Coqueliku!

        Roi ventru! Roi pansu!

        Rends-moi mes cent écus!

        Rends-moi mes cent écus!

Le roi était à petit déjeuner, buvant sa tasse de chocolat mousseux. Il fronça les sourcils et grogna :

- Mettez-le dans la bergerie. Mes moutons gras l’écraseront.

Les serviteurs s’emparèrent de Moitié de Poulet, le fourrèrent dans la bergerie. Les sabots des moutons gras entassés commencèrent à le presser, à le piler, le piétiner. Ils allaient l’écrabouiller. Mais Moitié de Poulet s’écria :

- Loup Gris! Loup Gris!

  Sors vite de mon petit cul

  ou suis Moitié de Poulet perdu!

Loup Gris bondit et étrangla les moutons gras. Au petit jour, quand on voulut les faire sortir pour les mener à pâturer, ils étaient étendus sans vie.

Moitié de Poulet alla dans la cour, sous les fenêtres du roi, et là, il chanta à tue-tête :

        Cocorico! coqueliku!

        Roi ventru! Roi pansu!

        Rends-moi mes cent écus!

        Rends-moi mes cent écus!

Le roi était en train de goûter le vin des dernières vendanges. Il brisa son verre de colère et cria :

- Qu’on chauffe le four à blanc et qu’on le plonge dedans!

Les serviteurs empoignèrent Moitié de Poulet et l’enfournèrent au fourneau incandescent. Il était cuit, grillé, rôti, s’il ne s’était aussitôt écrié :

- Rivière! Rivière!

  Sors vite de mon petit cul

  ou suis Moitié de Poulet perdu!

Rivière jaillit et éteignit le feu. Quand au soir on rouvrit le four, les eaux se répandirent dans les cuisines, emportant le souper du roi.

Moitié de Poulet s’envola jusqu’à la grand-salle, il se planta devant le trône et il chanta à plein gosier :

        Cocorico! Coqueliku!

        Roi ventru! Roi pansu!

        Rends-moi mes cent écus!

        Rends-moi mes cent écus!

Le roi, rouge de fureur, l’attrapa par le cou et hurla :

- Puisque personne n’en vient à bout, je l’étoufferai moi-même!

Il le glissa sous son séant, l’engloutit sous son gros derrière. Moitié de Poulet haletait, suffoquait, manquait s’asphyxier, quand, à bout de souffle, il chuchota :

- Frelons! Frelons!

  Sortez vite de mon petit cul

  ou suis Moitié de Poulet perdu!

Les Frelons s’élancèrent, piquèrent les fesses énormes. Et ils piquaient, piquaient partout. Le roi sauta en l’air. Et il courait, courait autour de la salle, poursuivi par l’essaim menaçant et vrombissant de rage. Il cria à ses serviteurs :

- Ouvrez-la porte du Trésor!

  Qu’il reprenne ses cent écus...

- Avec mes intérêts en sus!

- Avec ses intérêts en sus!

  Qu’il emporte ce qu’il voudra

  mais qu’il s’en aille loin d’ici,

  Que plus jamais je ne le vois

  ni lui, ni ses amis! Viiiite!

Les serviteurs ouvrirent le Trésor. Moitié de Poulet reprit ses cent écus, compta ses intérêts en sus, enferma le tout dans sa bourse, puis il s’en retourna chez lui conter l’affaire à sa maîtresse. Depuis, ils vivent heureux, en paix, sans jamais manquer de rien dans la petite ferme qu’ils ont achetée. Et s’ils ne sont pas morts, ils y vivent encore. 

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