Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le blog d'Hélène Loup
20 novembre 2020

"Les chèvres ne tuent pas les loups". Et pourtant...

Alphonse Daudet écrivait, dans "La chèvre de Monsieur Seguin" (Lettres de mon moulin) : 

"Les chèvres ne tuent pas les loups."

Et pourtant c'est bien ce que fait la chèvre dont le loup a avalé les chevreaux. 

Oui, m'objecterez-vous, mais le deuxième est un conte.

C'est vrai. Mais ce n'est pas la seule différence. La chèvre de Monsieur Seguin rêve de liberté, mais elle n'en rêve que pour elle. Elle n'a aucune pensée pour les autres chèvres. La chèvre du conte est une mère qui protège son dernier petit du loup qui lui a avalé les six autres. Et, quand elle en voit la possibilité, trouve le moyen de libérer les six avalés. Les motivations ne sont donc pas les mêmes. L'une ne pense qu'à elle. L'autre pense à l'autre, mieux, elle pense à son petit. Elle pense avec son amour.

Les animaux sont capables d'exploits quand il s'agit de défendre leurs petits. Je me souviens de chats fuyant terrifiés devant des parents oiseaux et parfois de toute la communauté oiseaux défendant leurs petits ; d'une poule attaquant et mettant en fuite un chien de belle taille qui venait renifler ses poussins ; de mes chattes alors mères mettant en fuite aussi un chien de chasse ; et les exemples ne manquent pas, je laisse chacun compléter.

Et c'est bien ce que font, symboliquement, des mères, et aussi des pères, pour protéger leurs enfants. Il suffit de suivre ce que sont capables de faire, de subir, la capacité de tenir bon, et repartir, des mères, mais aussi de pères d'enfants en difficultés lourdes. On devient alors des guerriers, pas par goût, mais pour protéger ses petits.

Les exemples ne manquent pas, et il suffit d'aller lire ce qu'en disent dans les réseaux sociaux ces groupes de parents-enfants dont un ou plusieurs enfants sont porteurs de handicaps, et l'on se demande : mais comment font-ils ? Je vais vous répondre, ayant eu à vivre cela : nous ne le savons pas nous-mêmes. Nous tenons parce qu'il nous est impossible d'abandonner notre petit. 

Et oui, parfois "on tue le loup", symboliquement, certes, mais on arrive à faire ce que nul ne pensait possible. Ainsi l'association APESAC et sa présidente Marine ont réussi à faire reconnaître la responsabilité pénale d'une très puissante multinationale, un laboratoire phamaceutique dont notre précédent premier ministre disait publiquement qu'on ne peut critiquer une entreprise qui fait un pareil chiffre d'affaire, ainsi que de l'Agence Nationale de Santé. 

Quant au Médiator, ce fut une autre chèvre, une médecin, qui parvint à le dénoncer et le faire condamner, non sans risques. Quand je lui ai dit : 

    -    Vous avez eu du courage !

elle m'a répondu :

    -    Non. Cela m'était simplement insupportable. Je suis médecin.

Alors oui, les contes sont bien plus dans le réel que les réalistes ne peuvent l'imaginer. Ils rappellent inlassablement les simple vérités humaines. Et que nous ne sommes pas des solitaires, mais des êtres sociaux.

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité
Archives
Derniers commentaires
Le blog d'Hélène Loup
Pages
Le blog d'Hélène Loup
Publicité