Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le blog d'Hélène Loup
17 septembre 2019

LA TROISIEME COUPE - Contes pour Monique et Pierre - N° 77

LA TROISIEME COUPE

365 contes de gourmandises - p. 29 avril 

 

 En chassant dans le désert, Haroun-al-Rachid, le célèbre calife de Bagdad, s’écarta de sa suite et s’égara. Il chevaucha longtemps au hasard. La nuit tombait quand il aperçut la tente noire d’un bédouin.

Le nomade l’accueillit et lui servit ce qu’il avait : des galettes et du lait de chamelle. Le calife mangea et but. Puis il demanda :

- N’as-tu pas un peu de vin ?

Le bédouin apporta une cruche de vin et en servit une coupe au calife.

 

Celui-ci but et dit :

- Sais-tu qui je suis ?

- Tu es mon hôte. Qu’ai-je besoin d’en savoir davantage ?

- Eh bien, sache-le, je suis un serviteur du calife.

Le bédouin s’inclina respectueusement et offrit une autre coupe de vin à son hôte.

 

Celui-ci but et dit :

- Sais-tu qui je suis ?

- Tu viens de me le dire. Tu es un serviteur du calife.

- Sache que je ne suis pas n’importe quel serviteur. Je suis le grand vizir du calife.

Le bédouin s’inclina jusqu’à terre et remplit de nouveau la coupe de son hôte.

 

Celui-ci but encore et dit :

- Sais-tu qui je suis ?

- Comment pourrais-je l’oublier ? Tu es le grand vizir de l’émir des croyants !

- Non ! Sache-le, je suis le calife Haroun-al-Rachid.

 

Mais le bédouin ne se prosterna pas la face contre terre. Il prit la coupe des mains de son hôte, la cruche de vin, et les emporta. Quand il revint, il n’avait ni coupe plus précieuse, ni cruche de son meilleur vin. Il n’avait rien dans les mains. Il dit :

- Homme, après la première coupe de vin, tu as dit être un serviteur du calife, et je t’ai cru. Après avoir encore bu, tu as affirmé être son grand vizir et je t’ai encore cru. Après une troisième coupe, tu affirmes être le grand vizir lui-même. Si je te laissais boire une coupe de plus, tu affirmerais être le Prophète. Et à la cinquième, que dirais-tu ?

Homme, tu as assez bu pour aujourd’hui et tu n’auras pas une goutte de vin de plus !

La troisième coupe

 Haroun-al-Rachid recevant une délégation envoyée par Charlemagne.

 

Haroun-al-Rachid était le cinquième calife de la dynastie des Abbasside. Il est incontestablement le plus célèbre d’entre eux. Il doit sa gloire au recueil des Mille et Une Nuits, l’œuvre de littérature arabe sans doute la plus connue en Occident. Il y apparait comme le prototype du calife juste, bon et pieux. Son nom y est associé à une forme d’âge d’or de l’Empire islamique, marqué notamment par la prospérité économique et par une expansion culturelle sans précédent. On lui attribue beaucoup d’aventures diverses.

Cependant entre cette image idéale et la réalité, la différence est importante tant sur la personnalité d’Haroun-al-Rachid que sur les conditions économiques et sociales qui furent celles de son règne. Mais ceci est une autre histoire, pas un conte, une histoire qui fait partie de l’Histoire avec un grand H. Donc, ce n’est pas pour nous.

A moins que…

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité
Archives
Derniers commentaires
Le blog d'Hélène Loup
Pages
Le blog d'Hélène Loup
Publicité