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Le blog d'Hélène Loup
6 août 2019

LA LOUCHE - Contes pour Monique et Pierre N°17

La louche

 

 

 Il pleuvait à torrent, comme il peut pleuvoir dans les Cévennes. Ce brave curé de campagne voit arriver un soir, dégoulinant d’eau, son évêque qui lui demande l’hospitalité jusqu’au lendemain.

Grand affolement dans la petite cure. Le curé rajoute précipitamment du bois dans le feu, installe le prélat devant l’âtre flambant, conduit l’âne à l’écurie, lui donne une bonne brassée de foin et le bouchonne soigneusement, tout en intimant l’ordre à sa bonne de préparer un bon repas et de sortir nappe, vaisselle et argenterie des grands jours. La bonne s’exécute.

 

Séché, réchauffé, restauré, régalé d’un vin délicieux, l’évêque passe une nuit tranquille dans la chambre réservée aux invités de marque puis, le ciel s’étant éclairci, repart de bonne heure le lendemain matin.

Cependant, la bonne lave, range vaisselle fine et verres en cristal dans le buffet, couverts d’argent dans les écrins. C’est alors qu’elle s’aperçoit qu’il manque la louche. Le curé y tenait comme à la prunelle de ses yeux. C’était la plus belle pièce de son argenterie. Elle cherche, regarde partout, même dans les ordures. En vain. Elle questionne le curé. Non, il n’a pas pris la louche ! Pourquoi ?

Pendant une semaine, tous deux fouillent et retournent toute la cure, écurie et jardinet inclus. En vain.

Il faut se rendre à l’évidence : l’évêque a volé la louche !

 

Ulcéré, le curé prend sa plus belle plume et écrit la lettre que voici :

« Monseigneur,

Je ne sais pas si vous avez pris ma louche,

je ne sais pas si vous n’avez pas pris ma louche,

mais toujours est-il que, depuis votre venue, ma louche a disparue. »

 

Une semaine plus tard il reçoit de l’évêque une lettre ainsi conçue :

« Mon fils,

je ne sais pas si vous couchez avec votre bonne,

je ne sais pas si vous ne couchez pas avec votre bonne,

mais toujours est-il que, si vous couchiez dans votre lit, il y a longtemps que vous auriez retrouvé votre louche. »

  

 

NOTA : Je tiens ce petit conte irrévérencieux des Cévennes de mon facétieux parpaillot de mari !

 

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