Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le blog d'Hélène Loup
2 février 2010

"Les trois petits cochons" des petits

L E S   T R O I S   P E T I T S   C O C H O N S   D E S   P E T I T S

                                                                                                   Conte traditionnel

  Il y avait, en Angleterre, une truie, une maman cochon qui avait eu, à la fin de l’hiver, trois petits cochons, trois petits gorets, trois porcelets, trois cochonnets.

  Les cochons grandissent plus vite que les enfants. A la fin de l’été, ils étaient déjà grandets. Leur maman leur dit :

-         Mes enfants, vous êtes maintenant assez grands pour vous débrouiller tous seuls et vivre

votre vie. Que chacun prenne une de ces trois piécettes, suive son chemin et se bâtisse une maison. Et prenez garde au loup.

  Chaque cochonnet prit une piécette. Ils ont embrassé leur maman et ils sont partis, chacun de son côté. Quand ils sont grands, les frères et sœurs ne vivent plus ensemble.

  A la fin de l’été, on rentre la paille.

  Le premier petit cochon a rencontré un homme qui portait une botte de paille au bout de sa fourche.

-         S’il te plaît, l’homme, vends-moi ta paille.

  Et il a tendu sa piécette.

  La piécette représentait beaucoup plus d’argent que n’en valait la paille. L’homme a pris la piécette, donné la paille, et il est parti en courant.

  Et le premier petit cochon s’est bâti une maison toute en paille.

                   Le toit était en paille.

                   Les murs étaient en paille.

                   Le sol était en paille.

                   La porte était en paille.

                   La fenêtre était en paille.

                   Une maison qui se mange !

Car les cochons, comme les chevaux, les ânes, les vaches, les chèvres, les moutons et les poneys, aiment bien manger leur paille quand elle est propre et fraîche.

  Quand se finit l’été, on rentre aussi le bois pour le feu.

  Le deuxième petit cochon a donc rencontré un homme qui portait, sur son épaule, un fagot de petit bois et d’épines.

-         S’il te plaît, l’homme, vends-moi ton fagot de petit bois et d’épines.

  Et il a tendu sa piécette.

  La piécette représentait un peu plus d’argent que n’en valait le fagot. L’homme a pris la piécette, donné le bois, et il est parti, sans courir mais en marchant vite.

  Et le deuxième petit cochon s’est construit une maison toute en petit bois et épines.

                   Le toit était en petit bois et épines.

                   Les murs étaient en petit bois et épines.

                   Le sol était en petit bois et épines.

                   La porte était en petit bois et épines.

                   La fenêtre était en petit bois et épines.

                   Une maison vite faite.

Car le deuxième petit cochon n’aimait que s’amuser. Et pour avoir un abri vite fait, il suffit de poser un fagot tout droit sur le sol, de serrer fort en haut avec une corde, d’écarter les branches en bas, et on a comme une tente d’indien.

  Lorsque l’été est fini, on rentre également les briques, faites de terre mouillée mêlée à de paille, mises à la forme et séchées tout l’été au soleil. C’est ainsi que le troisième petit cochon a vu venir, à sa rencontre, un homme qui portait sur son dos une pleine hotte de briques.

-         L’homme, dit-il, je t’achète tes briques.

  Et il a tendu sa piécette.

  Mais la piécette représentait un peu moins d’argent que n’en valaient les briques. L’homme a donc refusé. Le petit cochon a insisté. L’homme a discuté. Le petit cochon a discuté. Et l’homme discutait. Mais les briques pesaient. Le petit cochon discutait. La piécette ne pesait pas. L’homme discutait. Mais les briques pesaient très lourds. Le petit cochon discutait. Les briques ne pesaient toujours pas. Finalement, l’homme a donné les briques, il a pris la piécette et il est parti.

  Et le troisième petit cochon s’est fait une maison toute en briques.

                   Le toit était en briques.

                   Les murs étaient en briques.

                   Le sol était en briques.

                   La porte était en briques.

                   La fenêtre était en briques.

                   Une maison solide.

  Mais voilà que passe le loup qui a faim.

  -    Snif! Snif! Snif! La bonne odeur de petit cochon à la chair bien grasse !

  Il frappe à la porte de la maison de paille.

-         Toc ! Toc ! Toc ! Petit cochon! Petit cochon, tout gras et tout mignon! Ouvre-moi ta

porte !

-         Non ! par les poils de mon petit menton, ton, ton ! dit le premier petit cochon qui tremble dans son pantalon.

-         Petit cochon ! Petit cochon ! Si tu ne m’ouvres pas ta porte, je vais me gonfler, je vais souffler sur ta maison de paille, je la ferai s’envoler et je te mangerai.

-         Non ! par les poils de mon petit menton, ton, ton ! répond le premier petit cochon qui tremble de plus en plus dans son pantalon.

  Alors le loup s’est gonflé, il a soufflé sur la maison de paille, il l’a fait s’envoler. Et le loup a mangé le premier petit cochon. Mais certains disent que le cochonnet a couru, couru se réfugier dans la maison du deuxième petit cochon.

  Cependant le loup a encore faim. Il continue sa route.

-         Snif ! Snif ! Snif ! La bonne odeur de petit cochon à la chair bien tendre.

  Il frappe à la porte de la maison de petit bois et d’épines.

-         Toc ! Toc ! Toc ! Petit cochon! Petit cochon tout tendre et tout mignon! Ouvre-moi ta

porte.

-         Non ! par les poils de mon petit menton, ton, ton ! dit le deuxième petit cochon qui, lui aussi, tremble dans son pantalon.

-         Petit cochon ! Petit cochon ! Si tu ne m’ouvres pas ta porte, je vais me gonfler, me

gonfler, je vais souffler, souffler sur ta maison de petit bois et d’épines, je la ferai s’envoler et je te mangerai.

-         Non ! par les poils de mon petit menton, ton, ton ! répond le deuxième petit cochon qui,

lui aussi, tremble de plus en plus dans son pantalon.

  Alors le loup s’est gonflé, gonflé, il a soufflé, soufflé sur la maison de petit bois et d’épines, il l’a fait s’envoler. Et le loup a mangé le deuxième petit cochon. Mais certains disent que lui et son frère ont couru, couru se réfugier dans la maison du troisième petit cochon.

  Quant au loup, il a toujours faim. Il va plus loin.

  -    Snif ! Snif ! Snif ! La bonne odeur de petit cochon à la chair bien ferme !

  Il frappe à la porte de la maison de briques.

-         Toc ! Toc ! Toc ! Petit cochon! Petit cochon tout ferme et tout mignon! Ouvre-moi ta

porte.

-         Non ! par les poils de mon petit menton, ton, ton ! dit le troisième petit cochon qui, lui, ne tremble pas dans son pantalon.

-         Petit cochon ! Petit cochon ! Si tu ne m’ouvres pas ta porte, je vais me gonfler, me gonfler, me gonfler, je vais souffler, souffler, souffler sur ta maison de briques, je la ferai s’envoler, et je te mangerai.

-         Non ! par les poils de mon petit menton, ton, ton ! répond le troisième petit cochon qui lui, décidément, ne tremble pas dans son pantalon. Je ne t’ouvrirai pas.

  Alors le loup s’est gonflé. Il a soufflé sur la maison de briques, qui n’a pas bougé d’un pouce.

  Le loup s’est gonflé, gonflé. Il a soufflé, soufflé si fort qu’il a fait se coucher toutes les herbes folles qui restaient encore dans la prairie. Mais la maison de briques n’a pas bougé d’un pouce.

  Le loup s’est gonflé, gonflé, gonflé. Il a soufflé, soufflé, soufflé si fort qu’il a fait s’envoler toutes les feuilles d’automne qui étaient encore dans les arbres. Mais la maison de briques n’a pas bougé d’un pouce.

  Alors le loup a reculé. Il a pris son élan et de toutes ses forces, VLAN ! il s’est jeté sur la porte de briques de la maison de briques. Il s’est fait très mal à l’épaule. Mais la maison de briques n’a pas bougé d’un pouce.

 

  Par contre, à l’intérieur, le troisième petit cochon se tenait les côtes de rire. De colère, les yeux du loup devinrent rouges. Sa moustache frémit, ses oreilles pointèrent, son poil se hérissa.

-         Petit cochon ! Petit cochon ! gronda-t-il, je le vois, tu te moques de moi. Mais tu ne riras

pas longtemps. Je vais grimper sur le toit de ta maison de briques, je passerai par la cheminée, je rentrerai chez toi et je te mangerai.

  Et ce qu’il avait dit, il le fit.

  Seulement, les cheminées, c’est étroit. Le loup avait du mal à descendre. Cela lui prit du temps. Le petit cochon, lui ne perdit pas le sien. Il rajouta du bois dans le feu ; il y avait toujours du feu dans la cheminée, c’était si long à allumer. Et la flamme monta plus haute, plus chaude, plus claire. L’eau se mit à bouillir dans le chaudron ; il y avait toujours un chaudron plein d’eau chaude sur le feu, c’était si long à chauffer.

  Quand le loup arriva, le petit cochon ôta le couvercle, le loup tomba dans l’eau bouillante, et le petit cochon remit le couvercle.

  Cuit ! Bouilli ! Fini, le loup. C’est le petit cochon qui l’a mangé.

  Depuis ce jour-là, quand un loup venait dans le pays et qu’il entendait dire qu’il y avait un petit cochon qui mangeait les loups cuits-bouillis, il s’enfuyait à toutes pattes. Et le petit cochon a vécu désormais heureux et tranquille dans sa maison de briques.

  Avec ses frères ? Certains le disent.

Publié en 2002 dans "Conter pour les Petits - La Trame" (épuisé) chez Edisud

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité
Archives
Derniers commentaires
Le blog d'Hélène Loup
Pages
Le blog d'Hélène Loup
Publicité