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Le blog d'Hélène Loup
27 janvier 2010

"Marguerite et Marie", ou "Les deux petites filles et le diable"

M A R G U E R I T E   ET   M A R I E
   

                                                                     D’après un conte traditionnel

                                                                     Publié en 2002 dans "Conter pour les petits - La trame")

  Il était une fois deux petites filles, deux soeurs. L’aînée, la plus âgée, la plus grande, s’appelait Marie. La cadette, la plus jeune, la plus petite, se nommait Marguerite.

  Un jour, leurs parents leur dirent :

-         Il faut du bois pour le feu et des champignons pour le repas de ce soir. Allez en ramasser 

dans la forêt. Mais ne vous éloignez pas trop. Prenez garde au diable.

  Les fillettes promirent et s’en allèrent. Le chien les suivait.

  Elles eurent vite fait deux gros fagots de bois qu’elles emportèrent sur leur dos. Mais elles ne trouvaient pas de champignons. Elles marchèrent, marchèrent de plus en plus loin sans trouver de champignons.

  Elles aperçurent une maisonnette. Devant la porte se tenait une vieille femme qui leur sourit gentiment.

-         Vous avez l’air bien fatiguées, pauvrettes, dit-elle. Vous devez venir de loin et ces fagots    

semblent très lourds.

  Entrez donc vous reposer, boire un peu de lait et manger du pain frais avec de la confiture.

Les petites étaient fatiguées, en effet. Elles avaient soif, elles avaient faim. Elles entrèrent. Mais le chien ne les suivit pas. Il aboyait furieusement. La vieille lui jeta une pierre et referma la porte. Puis elle s’y adossa. Les enfants ne pouvaient plus sortir.

 

  Dans la maison, se tenait le diable. Il se frottait les mains de contentement.

-         Les belles petites que nous avons là, la vieille ! Quel bon festin, quel bon repas, nous

allons faire.

  Puis il ranima le feu sous le grand chaudron plein d’eau. Bientôt, l’eau se mit à bouillir.

-         Toi, dit le diable à Marie, l’aînée, entre dans le chaudron.

-         Fais-lui ôter ses vêtements d’abord, dit la diablesse à son mari. Ce sera meilleur sans.

-         Tu as raison, répondit le diable qui ordonna : Déshabille-toi, la fille !

Pendant ce temps, les fillettes avaient reculé jusqu’à la fenêtre. La poignée en était trop haute

pour pouvoir l’ouvrir. Mais elles voyaient dehors. Le chien n’était plus là.

-         Déshabille-toi, répéta le diable à Marie.

  Elle ôta son bonnet.

-         Où dois-je poser mon bonnet, Monsieur le Diable ? demanda-t-elle.

-         Mets-le au feu. Tu n’en auras plus besoin.

  Marie jeta le bonnet au feu. Pendant qu’il brûlait, elle dit tout bas à sa sœur :

-         Marguerite sœurette, ne vois-tu rien venir ?

-         Je ne vois que les arbres qui ombrent le chemin.

-         Déshabille-toi, la fille, redit le diable.

  Elle ôta son tablier.

-         Où dois-je poser mon tablier, Monsieur le Diable ?

-         Mets-le au feu. Tu n’en auras plus besoin.

  Elle le jette au feu. Pendant qu’il brûle, elle dit :

-         Marguerite sœurette, ne vois-tu rien venir ?

-         Je vois de la poussière au loin. Mais ce n’est que le vent.

-         Déshabille-toi, la fille.

  Elle ôte sa chemise.

-         Où dois-je poser ma chemise, Monsieur le Diable ?

-         Mets-la au feu. Tu n’en aura plus besoin.

  Elle la jette au feu. Tandis qu’elle brûle, elle demande :

-         Marguerite soeurette, ne vois-tu rien venir ?

-         Je vois notre chien qui revient en courant. Mais, hélas ! il est seul.

-         Déshabille-toi, la fille.

  Elle retire sa jupe.

-         Où dois-je mettre ma jupe, Monsieur le Diable ?

-         Mets-la au feu. Tu n’en auras plus besoin.

  Elle la jette au feu. Tandis qu’elle brûle, elle demande :

-         Marguerite soeurette, ne vois-tu rien venir ?

-         Je vois un nuage derrière le chien. Mais je ne sais ce que c’est.

-         Déshabille-toi, la fille.

  Elle déchausse ses sabots.

-         Où dois-je mettre mes sabots, Monsieur le Diable ?

-         Mets-les au feu. Tu n’en auras plus besoin.

  Elle les jette au feu. Ils brûlent. Elle demande :

-         Marguerite soeurette, ne vois-tu rien venir ?

-         Je vois deux silhouettes dans le nuage. Un homme et une femme. Mais j’ignore qui c’est.

-         Déshabille-toi, la fille.

  Elle enlève ses bas, ses grandes chaussettes.

-         Où dois-je poser mes bas, Monsieur le Diable.

-         Mets-les au feu. Tu n’en auras plus besoin.

  Elle les jette au feu. Ils brûlent. Elle demande :

-         Marguerite soeurette, ne vois-tu rien venir ?

-         Je vois nos parents. Je leur fais signe de se presser.

-         Déshabille-toi, la fille.

  Elle enlève sa culotte.

-         Où dois-je mettre ma culotte, Monsieur le Diable ?

-         Mets-la au feu. Tu n’en auras plus besoin.

  Elle la jette au feu. Elle brûle. Marie demande :

-         Marguerite soeurette, ne vois-tu rien venir ?

-         Le chien arrive et nos parents courent.

-         Entre dans la marmite, la fille.

-         Comment dois-je faire, Monsieur le Diable ?

-         Monte, te dis-je !

-         Elle est trop haute, Monsieur le Diable.

-         Monte !

-         Mes jambes sont trop petites, mes bras trop faibles, Monsieur le Diable.

-         Entêtée ! La vieille, aide-moi à mettre cette empotée dans le chaudron.

  La vieille s’écarte de la porte. Tandis que diable et diablesse la saisissent, Marie demande :

-         Marguerite soeurette, ne vois-tu rien venir ?

-         Nos parents sont là. Ils entrent.

  La porte s’ouvre. Le chien bondit, saute au visage, au nez de diable et diablesse qui lâchent Marie. Le père assomme le diable avec son bâton. La mère étend la diablesse d’un coup de sabot.

  Puis la mère enveloppe Marie dans son châle. Elle la prend dans ses bras. Le père prend Marguerite. Et ils les ramènent à la maison, suivis du chien.

  Jamais, plus jamais elles ne s’aventurèrent si loin dans la forêt.

D'après la version traditionnelle du conte nivernais recueilli par A. Millien-Delarue en 1885 sous le titre : Le diable et les deux petites filles, (Le conte populaire français – Paul Delarue – Editions G.-P. Maisonneuve et Larose - Tome 1 - P.187 -                                                                                                    

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